mardi 1 mai 2007

Allo, Pital ?

Bon, tel que tu me vois là, je reviens de loin. Je reviens du pays de la peur. Angoissland.

Lors de ma dernière visite à la médecine du travail, le médecin pose son stéthoscope sur mon torse blanc (c'était en décembre) et se promène dessus comme si j'étais pas là. Comme d'hab, en fait. Avec son machin dans les oreilles, il écoute dieu sait quoi, il fait son petit bazar dans son coin puis moi, j’attends qu'il me dise "C'est bon, vous pouvez vous rhabiller"...

Et là, rien. Il prend son temps, il fait durer, il reste planté là... Il insiste sur certains endroits, il revient à d'autre, il a les yeux qui se plissent....

Moi, je commence à me poser des questions...

Et là, il me dit :
- Vous avez vu un médecin pour votre cœur, non ?
- Heu... A part vous, vous voulez dire ?
- Oui (en reposant son truc un peu partout sur ma poitrine)
- Heu... Non. Pourquoi ? (en serrant les fesses)
- C'est curieux, j’entends quelque chose... un "clac".
- Ha bon ? (en faisant pipi dans mon froc) C'est grave docteur ?
- Faudrait voir votre médecin traitant, je pense qu'il y a un souci avec un clapet. Probablement pas méchant, mais vaut mieux en avoir le cœur net.

En avoir le cœur net... Tu m'étonnes...

Donc, je suis reparti avec ça sous le bras. J'avais laissé mon courage dans le vestiaire, j'ai pas arrêté de repousser l'échéance.

J'aurais du y aller en janvier, mais bon, ça tombait mal : le 20 janvier, c'est la St Sébastien et je ne voulais pas gâcher cette belle journée avec toute ma famille.

J'aurais du y aller en février, mais bon, ça tombait mal, le 14 février, c'est la St Valentin et je ne voulais pas gâcher cette belle journée avec toutes mes copines -avec ma copine, pardon-

J'aurais du y aller en mars, mais bon, ça tombait mal, en mars, j'avais piscine. (Pas trouvé mieux comme excuse bidon, sur ce coup là O-o)

Donc, comme en Avril, les Martiens ne passaient toujours pas à l'attaque, il a bien fallu que j'y aille. Puis quand même, mine de rien ça me tenait à cœur. (Bref.) Direction Neuilly, zi amerikan osspital. (Oui, je me fais pas chier, mais merde, c'est mon cœur !!!!!)

Bon, j'ai foiré le premier rendez vous. Me suis couché tard (5 heures du matin) et j'avais rendez vous à 08.00. Nan, je l'ai pas fait expres. Enfin je crois...

Pour le second rendez vous, j'ai laissé ma flippe à la maison et j'y suis allé. Mais quand même, j'avais une putain de boule dans le ventre, un truc de fou. Comme un matin d'exam, comme un premier rendez-vous amoureux, comme pour un entretien d'embauche. Pareil. Mon angoisse, que je croyais encore à dormir dans sa chambre à la maison avec ma flippe, s'était réveillée et m'avait suivi à l'insu de mon plein gré.

Arrivé à l'hosto, le médecin me croise dans un couloir, percute tout de suite que je suis son client -enfin, son patient- et m'invite à le suivre. Interrogatoire en règle, déshabillage, et zou, sur le lit.

Il me refait le coup de la visite médicale du taf (re-pipi dans mon froc) et me lâche finalement :
- Faudra revenir et faire une échographie du cœur, on sera fixé, ça fait 140 euros.
- L'échographie ?
- Non, la visite d'aujourd'hui.

Ils m'ont réanimé, j'ai payé et je suis rentré chez moi avec un nouveau rendez vous à honorer.

Je me pointe donc pour l'écho, le gars se focalise direct sur mes clapets et, très souriant, me pose des questions sur ma vie pendant qu'il fixe son écran. Je ne suis pas dupe, c'est pour me détendre, je sais très bien qu'il n'en a rien à foutre.

Moi : Ben en ce moment, je bosse pour le ministère de l'éducation nationale...
Lui : Ha, c'est bien...
Moi : Oui, puis c'est intéressant, nous gérons 4 académies différentes.
Lui : Ha, c'est bien...
Moi : Oui, puis j'ai une nouvelle chef, alors on ...
Lui : Ha, c'est bien...
Moi : ... Ayawa ?
Lui : Ha, c'est bien...

Puis là, il plisse les yeux, il me répond même plus, son visage se ferme. (Me suis encore pissé dessus.)

Dans un silence de mort, il termine son truc et me demande de me rhabiller. Puis, quand même, il se dit que, peut être, l'état de mon cœur peut m'intéresser et se décide à m'en parler :

- Bon, les clapets vont bien mais le cœur ne comprime pas correctement, il ne se contracte pas suffisamment.
- ... Ha ?
- Oui. Faudra revenir faire un test d'effort au thallium. 240 euros.
- Le test ?
- Non, la visite d'aujourd'hui.

Ils ont mis plus de temps pour me réanimer, cette fois çi. J'ai craqué mon slip (j'ai payé) et je suis rentré chez moi pour mieux revenir. Dans l'intervalle, j'ai quand même fait un mail à mon banquier.

"Cher Banquier.

Je s'excuse pour les sous, c'est la faute à mon cœur.

Sachant pouvoir compter sur votre compréhension... "

Mine de rien, mon cœur a bien tenu le coup, pour le coup. Parce que 2 honoraires comme ça, quand on est pas prévenu, c'est comme.... comment je pourrais dire ça, pour que tu vois bien ? Comme se faire sodomiser par surprise par un ours, voila. Si, ça fait mal au cul, quand même. Je m'excuse pour le trou de la sécu mais c'est le mien qui a morflé en 1er.

Bon, le 3e test était cher aussi (m'en rappelle plus, j'ai fait 8 minutes de coma cette fois çi) mais décisif et définitif. Injection d'un produit radioactif jaune fluo dans les veines (j'ai regardé, je ne brille pas la nuit, tout va bien) et zou, sur le vélo.

M'ont fait pédaler jusqu'a ce que j'ai la tête qui tourne (à cause de leur produit) puis direct dans un scanner. Puis, le temps d'analyser tout ça, ils m'ont fait patienter dans la salle d'attente.

Là, y'a une p'tite mamie qui arrive, adorable, les cheveux blancs légèrement bouclés et un regard façon "Chat Poté" à désarmer un terroriste. Elle passe donc sur le vélo juste après moi et revient attendre à mes cotés. Puis 10 minutes après, le médecin vient la voir et lui dit : Madame machin, tout est bon, pouvez rentrer chez vous ! Et il repart dans son bureau.

Ben ? Et moi ? HO, J'ETAIS LA AVANT LA VIEILLE, MOI !!!!!

J'ai attendu presque 1 heure trente. J'en pouvais plus, je commençais à agresser du regard toutes les petites vieilles qui rentraient dans la salle d'attente et à insulter tout le personnel que je croisais.

Puis, alors que j'allais commencer à être désagréable pour de vrai, on m'appelle. Faut que je repasse dans l'après midi pour d'autres tests...

P'tain, mon cœur, je te dis pas... C'est insupportable, d'être là sans savoir, à imaginer le pire ! Surtout que, sans me vanter, j'ai beaucoup d'imagination. Je voyais déjà l'opération, la cicatrice sur le torse, la douleur au réveil, juste après l'opération ! Les larmes ont sonné à la porte, mais j'ai pas ouvert. Parce que merde.

2e test, et là, le produit radioactif a eu raison de moi. Je commençais à m'endormir dans le scanner... L'infirmière (elles ont toutes des jeans, des pulls ou des t-shirts sous leurs blouses les mecs, oubliez tout ce qu'on vous a dit, c'est un mythe le coup du porte-jarretelles et du sous-tif) me demande de patienter à coté le temps que le médecin vienne me voir, mais pas tout de suite parce-qu'il-n'est-pas-encore-revenu-de-dejeuner.

Comme je commençais à vraiment m'endormir, j'ai négocié pour attendre mon tour sur un lit qui ne servait pas.

Et là aussi, l'infirmière à lunettes qui vient voir si tout va bien avec un regard coquin puis qui te déballe le matos pour vérifier si la pression est bonne, c'est un mythe. Je suis resté là plus d'une heure, j'en ai pas vu une seule. Bon, en même temps, je te vois venir. "Mais dis donc, t'as pas une copine, toi ?" Ben si. Mais le règlement intérieur de l'hôpital, c'est pas moi qui le décide ! Elles font leur taf les filles !!!! De toutes façons, comme je disais, pas une seule. (Quand même, c'est frustrant : quand je repense à tout le fric que j'ai lâché O-o)

Bref, je me réveille. (Seul) Je passe la tête dans la salle d'attente... Des vieux partout ! Je trouve une infirmière avec un pull et un jean et elle me conduit au médecin.

Là, il me fait assoir face à lui et prend son air le plus grave possible.

- "Tout va très bien, votre cœur est bon."

Tout ça pour ça O-o

J'ai gagné une trentaine de cheveux blancs dans l'histoire mais y'aura des dommages collateraux : la sécu, en recevant mes feuilles de soin, elle va saigner du nez...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ah ben voici donc une épopée fort rigolote et qui se termine bien et c'est tout le mal que je te souhaite. :)

Unknown a dit…

Il y a eu plus de peur que de mal je suis rassuré.

Par contre, je m'inquiète pour ton derrière ... ^_^